Jusque
vers la fin du 19e siècle la production d'énergie dans
l'industrie et l'agriculture se faisait par l'emploi de moteurs à
combustion externe (machines à vapeur) ou à transformation
d'énergie (moulins). Les petites puissances étaient fournies par la force animale ou humaine. Les grandes découvertes techniques de la fin de ce siècle : moteurs Otto, Lenoir, cycles à 4 temps de Beau de Rochas, moteur Diesel, permirent le développement et l'expérimentation de toute une série de moteurs dits « à combustion interne » qui aboutiront aux machines modernes que nous connaissons. Avant
1900, quelques marques allemandes comme Otto, anglaises comme Crosseley,
Hornsby Accroyd et françaises comme Forest, Grob, Niel, Brouhot
etc, commencèrent à rendre service dans les petites industries
principalement. Mais la plupart de ces moteurs étaient lourds,
encombrants, et le plus souvent fixés dans un lieu unique.
Après le début du 20e siècle et jusqu'à
la première guerre mondiale, les progrès furent nombreux
: l'allumage par bougie et magnéto remplaça petit à
petit l'allumage par tube à incandescence ou par pile et vibreur.
Les moteurs devinrent plus petits et facilement transportables. Le type
même de cette évolution est l'exemple des moteurs Japy.
Mais la régulation reste encore par « tout ou rien »
et le refroidissement le plus souvent par bac à eau extérieur
ou par radiateur attenant au moteur. Ces moteurs peuvent fonctionner
au gaz, au pétrole, à l'essence ou à l'huile lourde
pour les plus gros diesels.
Mais le grand développement dans l'emploi des moteurs fixes fut
la période de l'entre-deux-guerres. Dans l'agriculture pour aider
ou remplacer les travaux pénibles, les moteurs entraîneront
pompes, scies, coupe-racines, broyeurs, écrémeuses etc..
Dans les petites entreprises artisanales, à poste fixe, des moteurs
plus gros serviront à entraîner plusieurs machines à
l'aide de courroies et poulies débrayables. On en retrouve dans
les moulins pour pallier le manque (ou le trop-plein) d'eau ou de vent,
et pour les plus gros dans des centres de production d'énergie,
accouplées à des génératrices électriques.
Cette période verra l'apparition de très nombreux constructeurs
français. Claude Ouachée, dans ses trois tomes de «Les
constructeurs de moteurs agricoles et industriels » en dénombre
quelques 650.
C'est aussi la grande époque de l'entreprise «BERNARD MOTEURS»
qui sera le plus important constructeur français. Le livre «
Les moteurs Bernard de 1920 à 1950 » détaille les
46 types différents qui couvrent l'adaptation à la demande
et les évolutions techniques de cette période.A part Bernard, qui a racheté en 1929 son principal concurrent CL Conord, les marques les plus courantes sont Japy, Millot, Deville, Bruneau, Pineau, Céres, Rustic etc..etc... Il est difficile de faire un classement, d'autant qu'une multitude de petits constructeurs ayant une production locale font aujourd'hui la joie des collectionneurs. Les moteurs américains, arrivés en masse après 1918, continueront à être distribués pendant cette période; ils seront souvent horizontaux, à deux volants, refroidissement à bouillotte, régulation « tout ou rien » (hit and miss en anglais), de construction plus rudimentaire, mais rustiques, solides et fiables. On en trouve encore beaucoup, le plus répandu étant le IH type M. La généralisation de la distribution du courant électrique, la régularité de son alimentation et l'augmentation de la puissance fournie sonneront le déclin de l'emploi des moteurs à explosion remplacés par des moteurs électriques d'utilisation plus aisée. La guerre achèvera la disparition de toutes les petites marques. Bernard qui, après avoir absorbé la partie « moteurs » de Japy en 1941, continuera de produire pendant la guerre renaîtra après 1944 avec des fabrications bien plus modernes. Si les principes de fonctionnement restent les mêmes, les progrès dans les matériaux, dans les lubrifiants, l'emploi de l'aluminium, de volants magnétiques, l'abandon du régule pour paliers et coussinets, l'emploi de caoutchouc, de roulements à billes etc.. toutes ces nouvelles techniques vont permettre de fabriquer
des moteurs plus légers, plus rapides et plus puissants pour
un encombrement réduit. Cela va permettre également que
le moteur fasse partie intégrante de l'outil qu'il anime: voir
les motoculteurs, les bétonnières, les motopompes etc..
Cette période d'après guerre avec le quasi monopole de
Bernard Moteurs verra aussi son déclin vers la fin des années
60, début des années 70. Concurrencé par les importations
(italiennes, japonaises ou américaines), Bernard ne saura pas
passer le pas de la production à faible coût, de qualité
médiocre et de très grande distribution. Bernard Moteur fut ensuite racheté
par Renault en 1972. Mais « moteur bernard »
reste dans le vocabulaire des français, un nom générique
pour moteur fixe, comme mobylette ou frigidaire dans d'autres registres.
Il nous reste aussi, à nous collectionneurs, à dénicher
au fond d'une grange, dans une ruine de moulin ou un taillis de ronces,
un vieux tas de ferraille, à le restaurer, à le faire
fonctionner et à le montrer, tout fiers, à nos amis et
nos enfants afin de leur faire comprendre l'intelligence, le savoir
faire et l'adaptation de l'homme aux progrès de son environnement
technique et industriel.Notre intérêt actuel pour ces antiquités vient de la quantité énorme des réponses différentes apportées au problème de la transformation d'un produit chimique en énergie utilisable pour réaliser un mouvement. Le principe même de fonctionnement de nos moteurs peut être très varié : cycle à 4 temps, 2 temps, semi diesel, diesel. La
source d'énergie aussi : gaz, essence, pétrole, gaz oil,
huile lourde et même naphtaline. La taille et la puissance de ces moteurs varient du plus petit de quelques dixièmes de cv aux énormes machine de plusieurs centaines de cv. Les solutions trouvées par chaque constructeur pour résoudre les différentes fonctions d'un moteur sont innombrables. Le nombre et la position du cylindre : vertical ou horizontal, sa construction : borgne ou pas, le nombre de volants, leurs particularités. Le refroidissement par bouillotte, bâche à eau, radiateur qui peut prendre plein des formes différentes. La distribution : 2 ou 3 soupapes, commandées, automatiques, culbutées etc.. sans soupapes. La régulation qui est l'un des secteur où l'on rencontre le plus d'inventions. L'allumage : magnéto bougie, vibreur, tube chaud etc.. L'échappement. L'alimentation : là aussi les réponses sont multiples. Il y aussi d'intéressant l'aspect extérieur du moteur : sur roues, sur chariot, sur socle, ses possibles décorations. Chaque
constructeur choisit dans toutes ces possibilités une réponse
particulière, mais ce qui est intéressant, c'est que cette
réponse varie et évolue avec le temps, avec la différence
de puissance ou la disponibilité des matériaux employés
et avec la mise au point de nouvelles techniques. C'est pour cela que
l'étude d'une marque particulière, par exemple Bernard
Moteurs, est très instructive et permet de suivre d'un type à
l'autre les différentes solutions en nous demandant les raisons
d'un passage de l'une vers l'autre. |
| Pour en savoir plus : Les moteurs Bernard de 1920 à 1950 (Nouvelle édition, complétée et corrigée de 198 pages.).
Modalités : Par téléphone au: 02 51 33 34 63 Par courrier: François Barral 38 Chemin de l'épingle 85560 LONGEVILLE Par courriel: francoisbarral85@orange.fr Le prix est de 45€ plus
7 € (frais de port pour la France) |
| NDLR : Les photos anciennes proviennent du forum TMA (merci aux membres pour leur contribution) et de François Barral. |
D'autres infos sont disponibles sur le forum Tracteurs et Motoculteurs d'Antan, rubrique moteurs fixes |